Filière viande La crise de la Covid-19 a eu des incidences sur l’ensemble de l’économie mondiale. Si, dans un premier temps, l’agriculture n’a pas été directement impactée, les effets se font sentir depuis déjà plusieurs semaines. Sicagieb, à Montbeugny, a su s’adapter.

Dès l’annonce du confinement par le président de la République, le 16 mars dernier, les responsables de Sicagieb ont mis en place des mesures sanitaires pour l’ensemble des trente salariés afin d’assurer leur sécurité mais aussi celle des éleveurs avec lesquels la société entretient, chaque jour, des liens étroits.

Des mesures sanitaires pour l’ensemble du personnel
La première équipe à avoir mis en place les mesures barrières est celle des sept commerciaux en limitant les contacts avec les éleveurs tout en assurant les achats. Les chauffeurs, eux, ont dû poursuivre leur activité de transport afin d’assurer le ramassage des animaux dans les fermes. Eux aussi ont suivi les gestes barrières, en se protégeant au mieux grâce au port du masque et à l’utilisation du gel hydro-alcoolique. Finalement, peu d’incidence pour ce secteur, comme le confirme Jean-Michel Aucouturier, directeur de Sicagieb : « Le ramassage des animaux dans les fermes et les livraisons en centre d’allotement et abattoirs se sont poursuivis normalement durant toute la période de confinement. Nos chauffeurs ont véritablement tous respecté les mesures de distanciations sociales pour éviter une éventuelle propagation du virus ».
Du côté des services administratifs, techniques et vétérinaires, il a été proposé, le matin même de l’application du confinement, la mise en place du chômage partiel. Les précisions de Jean-Michel Aucouturier : « Cette mesure a concerné un tiers du personnel. Nous avons simplement demandé aux membres de ces différentes équipes d’assurer une mission de permanence, en présentiel, jusqu’à la fin du mois de mars ».
Les engagements présidentiels, très optimistes et rassurants, n’étant pas, une fois de plus, respectés, il a fallu à nouveau s’adapter avec au final, la prise de jours de congés et de jours de récupération pour l’ensemble du personnel.
L’autre difficulté liée au confinement a été la fermeture des restaurants :
« 90% des salariés ne pouvant rentrer chez eux le temps de midi,  en général, nous déjeunons dans les restaurants de proximité. L’annonce du samedi d’avant confinement ordonnant la fermeture de ces établissements, il a bien fallu trouver une solution de repli. Nous l’avons trouvée à quelques kilomètres, à Lusigny, grâce au restaurant du Commerce, qui a mis en place un système de livraison de repas sur place, à notre siège, à Montbeugny » explique Jean-Michel Aucouturier.

Difficultés logistiques et coûts supplémentaires
Si, dans l’ensemble, l’activité n’a pas véritablement varié au centre d’allotement, il est apparu des difficultés au niveau de la logistique avec, notamment, une réorganisation et une adaptation à la dernière minute des circuits de livraisons vers les abattoirs. Une situation qui s’explique par la fermeture des établissements de la restauration collective et commerciale mais aussi par des commandes irrégulières de la part des GMS dont la clientèle a afflué en nombre quelques jours avant le confinement, en vue de constituer des réserves alimentaires. Jean-Michel Aucouturier ajoutant « Nous avons eu des commandes plus importantes chez certains de nos abatteurs au détriment d’autres où leur chiffre d’affaire était impacté en fonction des secteurs d’activité de leur clients ». Sicagieb estime un coût supplémentaire de 25 à 35% de charges logistiques, en plus, en seulement un mois et demi.
Des conséquences bien au-delà des frontières du département de l’Allier se sont traduites par quelques complications de transport des animaux vers l’Italie. L’export vers ce pays frontalier de l’Union Européenne représente 80% du débouché des broutards pour Sicagieb. L’Italie, pays particulièrement touché par le coronavirus, chez qui, les mesures sanitaires étaient particulièrement renforcées, et pourtant sans fermetures des échanges commerciaux, comme l’explique Jean-Michel Aucouturier : « Les barrières sanitaires avec les chauffeurs italiens devaient être bien respectées, surtout ceux venant des régions les plus infectées par la Covid-19. Il n’en fallait pas moins expédier les animaux vers ce pays, et je salue la bonne volonté de ces transporteurs, sans qui ces échanges économiques n’auraient eu lieu ».

Modification des habitudes de consommation
Le confinement et, plus généralement, la crise sanitaire que nous traversons, ont conduit les consommateurs français à transformer leurs habitudes alimentaires. Si la GMS a constaté des pics d’activités et de sous-activités, les boucheries traditionnelles et les  circuits courts, dont la vente à la ferme, ont vu leur chiffre d’affaires augmenter. Plus précisément, la consommation de viande s’est poursuivie mais sous d’autres formes. Jean-Michel Aucouturier : « On a assisté à une augmentation de la consommation de viande haché en frais et surgelée, passant de 50 à 75% de la carcasse, accentuant son déséquilibre et la valeur ajoutée de cette même carcasse ».
À noter que le commerce des cuirs a lui aussi évolué. Un constat clair pour Jean-Michel Aucouturier : « Bon nombre des cuirs partent vers la Chine. Si, avant la crise, nous avions constaté une diminution des exports en volume et valeur vers ce pays, nos clients abatteurs ont dû s’adapter à l’inactivité de ce secteur par la mise en place de solutions provisoires de stockage et conservation des ces produits ».

Gain de temps et réorganisation des services
Une telle crise, si elle a eu une influence majeure sur la vie des entreprises, a permis aussi de tester d’autres voies d’organisation, de planification, et d’optimisation au sein d’une structure comme Sicagieb.
Les réunions en visioconférence ou les rendez vous techniques à distance avec leurs adhérents ont particulièrement été sollicités. Grâce à la technologie informatique et au réseau internet, la coopérative a pu constater des gains de temps évitant ainsi, de fréquents déplacements, parfois sur de longues distances. Jean-Michel Aucouturier nuance tout de même le recours trop fréquent à ces outils de communication : « Il est vrai que, pour nous, cette période a révélé le potentiel de ces moyens. Leur développement et leur utilisation vont effectivement être envisagés sur le long terme. Attention tout de même à garder un minimum de contacts humains. De plus, heureusement que, pour certains adhérents moins assidus, les enfants, confinés à la maison, ont pu soulager et compenser les défaillances  informatiques ! ».
La crise de la Covid-19 a perturbé, il est vrai, le tissu économique, à toutes les échelles. Il a permis aussi d’optimiser de nouveaux outils qui étaient, jusque là, sous-exploités. Sicagieb traverse du mieux possible ces événements sans précédents et retrouve une situation proche à 95% de la normale.
Chaque mois, nous vous expliquerons, en détail et à travers des témoignages, les différents aspects sur lesquels Sicagieb intervient auprès de ses éleveurs, pour les aider, au quotidien, à mener à bien leur élevage.

Sébastien  Joly
L’ALLIER AGRICOLE